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La SABLINE: section horticole et botanique de l'ALCI: Association Loisirs et Culture Illacaise

Amateurs de plantes quelles soient sauvages ou cultivées,sur ce blog vous retrouverez toutes nos activités dans les domaines du jardinage, de la botanique et de l'écologie. Pour suivre notre actualité, inscrivez-vous à la Newsletter: formulaire dans le rectangle noir sur le côté gauche à la fin des articles .

Les plantes qui parfument le jardin toute l’année

Publié le 24 Décembre 2008 par La SABLINE in information, parfum

En ces périodes de froid humide il fait bon rester au coin du feu, et  rêver au jardin, en se plongeant dans les catalogues. On s'y laisse facilement emballer par la magie des couleurs, mais s'il est une qualité qui ne saute pas aux yeux, c'est bien le parfum. Et pourtant!

Quoi de plus délicieux, quand on flâne au jardin, qu’un léger parfum flottant dans l’air ici ou là, au hasard des caprices du vent! Et que dire du même parfum qui vient vous chatouiller les narines tandis que vous êtes affairés à désherber ou planter ! Tout de suite cela vous redonne de l’énergie. On se dit alors que tous ces efforts ne sont pas vains. Pourtant, quand on crée son jardin, on donne le plus souvent la priorité à la recherche d’une harmonie de formes et de couleurs qui le rende agréable à contempler en toute saison et, hormis les roses, on oublie de penser au parfum, aidés en cela par les catalogues qui ne sont guère généreux dans ce genre de description : le parfum ça ne se photographie pas !
Il est vrai que les fleurs odorantes ne sont pas toujours les plus spectaculaires. Souvent elles se font discrètes comme celles de la Violette ou de l’Alysse odorant ou encore celles des Eléagnus qui se cachent dans le feuillage mais dégagent un parfum puissant mêlé de vanille et de cannelle.

Qu’est - ce que le parfum et à quoi sert-il ?

Ces odeurs qui émanent des plantes, qu’elles soient agréables ou non, d’ailleurs, sont en fait celles des molécules chimiques constituant les essences qu’elles renferment. Elles ont pour nom, terpènes, sesquiterpènes, cétones, aldéhydes, lactones, phénols, esters, alcools, nitriles, composés sulfurés, acides, oxydes. On les appelle aussi huiles essentielles, huiles végétales, huiles aromatiques ou essences aromatiques. On peut les extraire des plantes, elles se présentent alors sous forme de liquides volatils très odorants mais en aucun cas huileux. Même si une huile essentielle peut sembler un peu huileuse au toucher, ce n’est en aucun cas une huile: une goutte d’huile essentielle véritable déposée sur un papier s’évapore rapidement sans laisser de trace. Dans la plante, ces essences sont le plus souvent sécrétées par des poils ou des glandes présents à la surface des fleurs, des feuilles ou des écorces. Beaucoup de plantes odorantes possèdent des petits réservoirs d’essences sous forme de petites capsules qui libèrent leur parfum en fonction de la température ou au toucher. Certaines essences sont inflammables comme par exemple celles de l’orange ou de la fraxinelle, d’autres renferment une bonne proportion de sucres, comme le Rhododendron ponticum.
Si le parfum des fleurs ravit nos sens, il ne faudrait pas croire qu’il ait été créé pour le plaisir de nos narines! Tout a une finalité dans la nature, et le parfum a pour rôle d’attirer les insectes pollinisateurs sur la fleur et permettre ainsi la fécondation, et donc la pérennité des espèces. Toutes les plantes ne sont pas fécondées par le même insecte et il existe des liens étroits d’attirance entre l’insecte pollinisateur et le parfum de la fleur. Le meilleur exemple connu est celui de la vanille qu’il faut féconder à la main hors de son pays d’origine d’où l’insecte est absent.

Quelles sont les plantes parfumées?

Toutes les plantes ne sont pas parfumées, loin s’en faut. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les plantes parfumées se retrouvent le plus souvent dans les mêmes familles botaniques., à savoir: les liliacées, labiées, rosacées, caprifoliacées, lauracées, ombellifères, rutacées et dans une moindre mesure les légumineuses et les primulacées.
On a constaté aussi que les monocotylédones renferment plus d’espèces parfumées que les dicotylédones.(14% contre 10%)
Chaque famille végétale présente des caractéristiques odorantes indéniables pouvant même servir à leur  reconnaissance. Les labiées, comme les ombellifères présentent des odeurs fortes et franches (romarin, thym, lavande, sauge, fenouil, carotte, aneth, fenugrec, persil ) . Les rutacées et les apocynacées ont des odeurs plus entêtantes (oranger, jasmin; fraxinelle). L’odeur d’ail de certaines liliacées (ail, ciboulette, poireau, oignon ) est elle aussi très caractéristique et différente de celle, soufrée, des crucifères. Il semblerait aussi que le parfum soit plus particulièrement lié à certaines couleurs de fleurs comme le blanc, le rouge ou le violacé. Les fleurs orangées ou brunes sont plus rarement parfumées, exception faite du Cosmos atrosanguineus .
Le parfum émis par les plantes n’a rien d’absolu, il est au contraire soumis à de nombreux paramètres. La même plante n’aura pas la même intensité de parfum selon le climat ou la nature du sol de l’endroit où elle est cultivée, ou encore son orientation dans le jardin. L’intensité de l’émission varie aussi selon les plantes ,et, pour une même plante selon l’heure de la journée. Ainsi, il faudra se lever très tôt pour profiter de l’odeur enivrante de la Tubéreuse. Le Jasmin officinal donne le meilleur de lui-même dans la matinée, tandis que le Chèvrefeuille s’exprime au maximum dès la tombée de la nuit pour attirer les papillons nocturnes. La température influe également sur la qualité des parfums qui sont plus intenses lors des chaudes journées d’été ou par temps orageux, mais les essences se volatilisent vite au soleil.
Dans le jardin, il faudra veiller soigneusement à la place donnée aux plantes parfumées, en effet, l’odeur suave portée depuis le fond du jardin par une légère brise, ou celle qui vous accueille au cours d’une promenade peut se révéler franchement désagréable si elle est omniprésente à la porte de la maison ou sous une fenêtre. Prenez en comparaison la différence d’odeur entre une potée de jacinthes dans la maison et un parterre de la même fleur.
Ainsi un Mimosa ou une liane exubérante comme le Chèvrefeuille ou le Jasmin dont l’odeur peut devenir intense seront avantageusement situés loin de la maison mais près d’un passage ou dans le sillage des vents dominants. Par contre les arbustes à floraison hivernale tel le Viburnum bodnantense ou le Daphné mezereum devront être situés près des lieux de passage à proximité de la maison. En été, un tapis blanc d’Alysse odorant pourra sans problème envahir les espaces libres sous ces arbustes pour perpétuer un léger parfum. Les fleurs ne devraient pas faire oublier les feuillages, certains sont très aromatiques, comme celui des Pélargoniums odorants, à la fois puissant et frais, libéré par le moindre frôlement.
Il serait long et fastidieux de faire la liste de tous les végétaux parfumés que pourraient accueillir nos jardins, aussi nous nous limiterons à citer les moins connus ou les plus intéressants, en particulier ceux à floraison hivernale.

Arbres et arbustes: Chez ces derniers, souvent la fleur en elle-même n’est pas très odorante, c’est l’abondance de la floraison qui donne le parfum. A l’intérieur d’une espèce, certaines variétés ou certains cultivars seront plus particulièrement parfumés, d’où l’intérêt de bien se renseigner avant d’adopter un spécimen. Nous n’en citerons que quelques-uns parmi les plus intéressants ou les moins connus.
Amelanchier laevis (pas le canadensis), Aesculus hippocastanum (marronnier),
Azara microphylla (février à avril), Drymis winteri pour la mi-ombre,
Magnolias soulangeana, loebneri, macrophylla, ashei,
les pommiers à fleurs: Malus hupehensis et zumi,
les Prunus : mahaleb, yedoensis, lusitanica (laurier du Portugal), padus,
les troènes (Ligustrum), les Eleagnus angustifolia, commutata, (printemps) ebbingei (automne),
les mahonias,
Camélias hybrides « Cinnamon Cindy », « Fragant Pink » et les botaniques lutchuensis, tsaï et sinensis (automne, hiver), certains Camélias sassanqua dont Maiden’s blush (fin d’été, automne )
Chèvrefeuilles arbustifs (hiver)
Hamamelis (hiver), Calycanthus, Vitex (automne), Cercidiphyllum japonicum dont les feuilles tombées sentent le caramel,
Styrax, les Sarcococcas (janvier à mars) les Syringas (lilas) dont il existe une multitude de variétés de toutes tailles et aux parfums plus ou moins puissants,
Rhododendrons luteum et fragantissimum, certaines Azalées caduques,
les Osmanthus, Chimonanthus praecox (décembre à février), Genêt d’Espagne (pas à balais)
et enfin les Viburnums avec V.bodnantense et farreri pour l’hiver et beaucoup d’autres pour le printemps, dont les hybrides de carlesii.
Lianes:
les Jasmins, officinale, mais aussi beesianum et stephanense à fleurs roses,
Akebia quinata aux fleurs pourpres, et les Lonicera (chèvrefeuille) en particulier les japonica et le periclymenum « serotina »,
Certaines Clématites :armandii, aromatica, flammula ,montana.
Vivaces et annuelles: On ne sera pas déçus avec: la julienne des jardins blanche, les phlox, les belles de nuit, le réséda ,les tabacs, l’alysse odorant, l’héliotrope du Pérou (attention à certaines variétés nouvelles moins parfumées),les giroflées, les pavots d’Islande et beaucoup d’autres dont le parfum au lieu de se répandre dans l’air, ne se révèle qu’au toucher comme les sauges ou l’agastache.


Pour en savoir plus, les ouvrages dont nous nous sommes servis:
- Les jardins parfumés: Hors série de Mon Jardin Ma Maison
- Plantes et Parfums : Publication de la Société Nationale d’Horticulture de France
- Fragrance: Catalogue de plantes et d’arbustes parfumés et catalogue de vivaces parfumées et aromatiques
- Philippe et Christine LATOUR: catalogue de plantes aromatiques et tropicales
- Un site à visiter : Le Jardin des Senteurs


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