Le jardin écologique 18-19 juin 2005
Moutsie et Jean-Pierre SCHERER
Conférence de Jean-Pierre SCHERER :
JP SCHERER est enseignant formateur pour adultes, professionnels, techniciens bio. A également assuré des formations à l’étranger : Amérique latine, Afrique…
L’écologie au jardin… pourquoi ?
Saint-Exupéry dans « Terre des Hommes » explique que les adventices ( repousses de mauvaises herbes sont là pour vérifier si l’homme est toujours là, sinon la forêt renseignée par les adventices …peut se réinstaller !!
Le jardin d’Eden est toujours un jardin productif.
Le jardin bio est voué à la créativité, il finira toujours par ressembler au jardinier. C’est le jardin zen tout comme le jardin fou, tout comme le jardin du poète rempli de papillons, de senteurs…
Le jardin écologique peut être à la dimension d’un simple balcon tout comme d’un jardin beaucoup plus grand. Mais jusqu’où peut-on monter en altitude pour trouver de la végétation ? On trouve des traces de vie jusqu’à 9000 m d’altitude et à l’inverse jusqu’à environ 8000 m de profondeur.
On trouve donc une biosphère de 17000 m d’épaisseur et si l’on trace un cercle de 12.5 cm de diamètre correspondant à l’échelle de la terre (12500 km de diam.), la biosphère est représentée par l’épaisseur du trait de crayon qui trace le cercle !!
Faire un jardin écologique c’est décider d’inviter la vie dans notre jardin.
Les insectes : 90.000 espèces dans le monde (1.5 million d’espèces animales en tout). Sur 1 ha de terre : bonne prairie non urbanisée, on trouve en moyenne 125 millions d’insectes (sauf champ de maïs ou terrain de golf !) ce qui équivaut à 800 kg d’insectes.
- il y a les insectes utiles : grand carabe doré (mange les pucerons) idem chrysope ou éphèmère ou la coccinelle ou encore le perce-oreille (forficule) ou encore les punaises.
Les syrphes s’attaquent aux larves indésirables. Ce sont des régulateurs de populations.
- il y a les oiseaux qui doivent être protégés d’autant qu’ils sont agréables à écouter. Des études récentes ont montré l’influence des sons sur les végétaux : on a enregistré les sons perçus dans des champs et fait « écouter » ces sons à des champs sans bruit, on a observé une meilleure pousse des plantes et une meilleure absorption des traitements foliaires, donc diminution des doses de traitement.On a procédé par synthétisation des sons qui ont été décortiqués. Le son du grillon a semblé le + efficace sur les végétaux, provoquant les échanges gazeux les + importants. On a associé la diffusion des sons à des pulvérisations homéopathiques et on a abouti à du gigantisme des plantes.
On pourrait donc voir la présence des oiseaux comme source de meilleure production.
On peut aussi voir l’utilité des oiseaux pour dévorer des insectes : 1 couvée de mésange bleue consomme 24 millions d’insectes pour le nourrissage de la couvée !!! le geai : 500.000 chenilles / an et la bergeronnette : 90 insectes / heure !!
- les petits animaux aussi ont un rôle de régulateur de population :
la belette mange les rats, les musaraignes.
La chauve-souris mange des insectes, idem musaraigne, taupe.
Le hérisson est insectivore (chenilles, limaces)
L’écologie au jardin permet d’éviter l’utilisation des pesticides.
Au dernier baccalauréat, en écologie, le sujet était le suivant : A la suite d’une destruction accidentelle d’oiseaux, quelle sera la conséquence sur une pinède ?
S’il y a beaucoup moins d’oiseaux, il y aura beaucoup + de chenilles, d’araignées…etc… la pinède est en grand danger.
La destruction des oiseaux est le fait des pesticides qui rendent les œufs stériles.
Sur le site des M.S.A figurent les 54 cas d’indemnisation et d’arrêt de travail liés aux pesticides et les cancers sont mentionnés. Une personne sur 4 qui meurt d’un cancer du cerveau est un agriculteur. Les pesticides causent des dommages neurologiques. Il y a beaucoup de contrôles avant l’autorisation de mise sur le marché mais après cela l’utilisation est totalement libre !!! (contrairement aux pays nordiques). L’enseignement agricole ne consacre que quelques minutes aux pesticides.
Comment accueillir la vie dans son jardin ?
Le jardin est habité par une population adaptée à son éco-systéme mais s’il déborde un peu, la lisière entre 2 éco-systèmes sera l’endroit le plus riche en biodiversité. Il est donc intéressant de favoriser la rencontre entre 2 éco-systèmes : ex :
- un tas de pierres , c’est une zone refuge, une zone tampon thermique
- un tas de bois rassemblera une population d’animaux et d’insectes
- l’ombre, les haies, le compost sont autant de zones diverses
- Pour qu’un animal soit bien, il faut qu’il puisse manger sans être mangé et qu’il puisse se reproduire.
- Il existe des arbres pouvant attirer + d’espèces différentes d’insectes.
- le bouleau attire 230 insectes différents soit 600.000 insectes sur un même arbre.
- le saule 260 espèces.
- et le chêne en attire 300 espèces différentes !!!
Les plantes qui nourrissent :
Intéressantes sont celles qui nourrissent l’hiver comme les pensées, les violettes, jacinthes, hellébores, lierre…
Celles qui fleurissent au printemps nourrissent les auxiliaires comme les syrphes (arbre de Judée, forsythia, aubépine, pissenlit, muguet, lamier…)
Celles d’été : achillée, fuchsia, lavande, romarin, lavande, millepertuis, mauve (plantes de la St Jean) offrent de la diversité au fil des saisons. Si c’est insuffisant, il faut installer des nichoirs à oiseaux ou à insectes :
- pour le perce-oreille qui mange des pucerons, il faut installer un pot renversé, rempli de copeaux de bois ou un fagot de branches de ronce suspendu à une branche.
- L’introduction d’espèces n’est pas forcément souhaitable quand elle n’est pas interdite.
La gestion de l’eau :
Les bassins, c’est un petit éco-système où l’on fera en sorte que les animaux ne s’y noient pas la nuit en y mettant par ex. des planchettes.
Les parasites :
Comment faire : le test pour une plante en bonne santé c’est de pouvoir résister sans traitement.
Un puceron sélectionne les plantes attractives (sucs et protéines) pour les lui piquer !! quand une plante a avalé trop de ces éléments le puceron va venir réguler ces excès.
La présence d’un parasite signifie un problème physiologique de la plante qui peut être dû au climat : stress hydrique par ex., au sol : trop de calcaire par ex….
Pourquoi une macération d’ortie est-elle également minéralisante pour les plantes qu’une tisane d’ortie l’est pour nous ? Il ne viendrait à l’idée de personne de se faire une tisane de pesticide alors que cela est dit bon pour la plante !!!
Le pesticide actif contre un parasite perturbe le métabolisme de la plante qui devient sensible à un autre parasite. Ex : une plante traitée au fongicide (plants de tabac) voit arriver beaucoup de pucerons.
Ex : la vigne traitée anti-mildiou voit arriver une surpopulation d’oïdium alors qu’on obtient un effet inverse de la bouillie bordelaise contre ces 2 parasites.
La fertilisation organique joue un rôle régulateur du métabolisme de la plante.
6 oligoéléments : soufre, cuivre, manganèse, fer, molybdène, magnésium
la bouillie bordelaise contient cuivre et soufre.
A visiter : Jardin de FINDHORN en Ecosse
« Le meilleur traitement qu’une plante peut recevoir en dehors de l’engrais ou du compost est le rayonnement sous forme d’amour en la cultivant ».
En biodynamie aussi , on parle du rayonnement vibratoire.
En 1950, le Pr ROUSCH a dit : « Celui qui persiste dans l’utilisation des pesticides devra en répondre devant ses enfants , petits-enfants et tous les êtres vivants. »
Un jardin écologique est une jardin qui va gérer l’eau contrairement aux prîmes de la P.A.C versées uniquement lorsque les champs sont irrigués !*
Il faut biner pour couper la remontée d’eau dans la couche supérieure d’humus. L’humus retient 15 fois son poids en eau. Les aiguilles de pin contiennent des essences odorantes difficiles à dissoudre.
Chercher à modifier le sol n’est pas sage.
1 ha de terre / 25 cm de profondeur = 30 tonnes de terre…il est donc très difficile de modifier la structure du sol, il faudrait pour cela apporter 10 ou 11 tonnes.
Le mulch ralentit l’activité microbienne, le lessivage. Quand on bine, on apporte l’oxygène et l’azote de l’air . il faut associer paillage + arrosage goutte à goutte sous le paillage.
En Afrique (Mali, Maurétanie, Sénégal) quand on plante un arbre, on enterre à côté un cylindre fait en grillage et rempli de paille et de fumier et il suffit alors d’un litre d’eau par jour.
La rotation des plantes :
Faire se succéder les familles botaniques c’est rompre les cycles de parasites. Il faut favoriser la protection mutuelle des plantes : association légumineuse/autres plantes : les légumineuses apportent l’azote aux autres. Au Mexique on associe maïs +haricot + courgette. Les plantes aromatiques sont soit répulsives soit attractives (la mélisse est mellifère). Les soucis attirent les prédateurs des pucerons. Le blé semé avec des bleuets produit 14 % de + qu’un champ désherbé.
Blé avec bleuet et coquelicot : rendement identique à un champ désherbé…mais biodiversité préservée.
L’association ail/fraise : l’ail renforce la saveur des fraises grâce aux exsudations racinaires. Les exsudations racinaires peuvent protéger les plantes compagnes. Moins une terre calcaire (fragile) est exposée aux climats, mieux c’est.
Il y a en moyenne 3 tonnes de vers de terre à l’ha : ils ont un rôle soit vertical soit horizontal. Et en moyenne 2 tonnes de champignons à l’ha soit environ…le poids de 2 vaches !! Quant aux filaments mycéliens présents sur 1 ha, ils représentent 2 fois la distance terre/lune.
Les mycorhizes : champignons emmaillotant les racines et leur permettant d’aller beaucoup plus loin, de résister aux maladies, ne supportent pas les pesticides ni les engrais solubles : c’est comme si on empêchait la luzerne de fixer l’azote.